Archives expositions collectives 2020
Julie C. Fortier, Le temps pour horizon
Chez Julie Fortier, le passage du temps est très sensible. Le temps suggéré est aussi celui d’une année rythmée par ses saisons : l’artiste est venue chaque mois de l’année précédant l’exposition récolter des plantes odorantes aux alentours immédiats du château et réaliser à partir d’elles ses parfums mensuels. Julie C. Fortier évoque en creux, en traces odorantes intimement pénétrantes, l’histoire des femmes ayant vécu dans ces lieux. De salles en salles, d’odeurs en parfums, un paysage féminin se dessine, celui d’Hélène de Hangest, de Jacqueline de la Tremoille, de Françoise de Brosse, de la Marquise Athénaïs de Montespan, ou de la dernière Vicomtesse d’Oiron, qui ont toutes laissé des traces dans ces lieux. Les odeurs dont elle imprègne les salles du château proposent l’expérience d’une absence, d’une perte, la mise en évidence d’un effacement, celui produit par le temps.
La visite des lieux devient une expérience sensorielle où les odeurs se déplaçant au gré des courants d’air servent de guide. Elle rejoint en cela l’intention initiale qui a prévalu à la conception de la collection permanente à la fin du XXe siècle: proposer une découverte du château au travers des cinq sens. La présence odorante du mur de cire de Wolfang Laib (Paroi, 1989, coll. FNAC) est là pour le rappeler.
« Dans son ouvrage Le parfum, des origines à nos jours, Annick Le Guérer dénonce la désincarnation opérée par l’industrie de la parfumerie où les parfums sont au service du marketing plutôt que l’inverse. Ma position en tant qu’artiste plasticienne utilisant les odeurs se situe justement dans cette question de l’incarnation, de la fabrication, de la collaboration et de la mise en situation. Percevoir, lire une odeur, nécessite beaucoup de concentration, et une quasi-
Ce qui m’importe, c’est que la forme choisie permette de susciter un effort de concentration et d’attention chez le spectateur pour percevoir, identifier, nommer, projeter une représentation personnelle et réinventer à chaque fois le rôle, la place que les odeurs prennent dans l’espace par rapport à un récit. La puissance mnésique et affective des odeurs modifie les manières de mettre en jeu la mémoire dans les représentations et les récits que je compose. Obligé de respirer, le spectateur est obligé de sentir. Cet aspect paradoxal d’une absence pourtant présente, invisible mais intimement pénétrante me captive. Exposer des odeurs dans le cadre des musées et des centres d’art pose évidemment des problèmes. Le parfum est par nature volatile alors que l’exposition s’inscrit dans la durée. Se pose alors la question du dispositif pour permettre la diffusion du parfum sur une longue période. Il importe aussi que ce dispositif fasse sens avec l’odeur tant dans sa forme, sa matérialité que dans sa mise en espace. » Julie C. Fortier
Les œuvres présentées par Julie C. Fortier : des installations utilisant un dispositif olfactif et sonore tracent les contours d’une présence féminine aux multiples facettes. Tels des fantômes, les odeurs de déplaceront dans l’espace au gré des courants d’air, chaque son faisant apparaître un paysage dans lequel ces présences évolueront.
A fleur de pierre, 2020, carte à parfum, parfum, 10 x 15 cm.
Le visiteur se verra remettre une carte à parfum à l’entrée du château et sera accompagné du parfum qu’elle diffuse, le temps de parcourir l’allée l’y amenant. Le parfum a été conçu à partir d’un graffiti trouvé sur un mur extérieur du bâtiment principal. Ces écritures furtives présentes dans tous les bâtiments du château nous parlent de celles et ceux qui y sont passés, qui y ont vécus et qui veulent être inclus dans une temporalité historique qui les dépasse. Une histoire en creux, fragmentaire, gravée dans la pierre.
Fantosmies, 2020, installation sonore et olfactives, 3 parfums, son
La fantosmie, forme d’hallucination olfactive, est la perception d’une odeur sans présence physique. L’effacement de l’importance des femmes dans l’histoire du monument, pourtant essentielles, épouses, mères, a laissé très peu d’informations. Quelques monogrammes, des dates de naissance, de décès, celles de leurs enfants, parfois quelques anecdotes, des traits de caractère apparaissent dans des correspondances et des textes écrits le plus souvent par des hommes.
Lux, 2020, 12 dessins olfactifs 70,5 cm de diamètre, Combles du château
Après une année de prélèvements de végétaux aux abords du château, Julie C. Fortier présente une installation olfactive restituant les fragrances saisonnières de ses 12 mois de récoltes. Lux reflète surtout ce rapport à la lumière dont les plantes tirent leur énergie. Telle une promenade cyclique dans l’espace et le temps, les parfums évoluent au fil des mois pour dessiner des nuées colorées et nous entraîner avec eux dans leurs sillages.
Le temps pour horizon, 2020, installation olfactive, parfum, pierre calcaire fossilifère présentée sur une console en chêne 60 x 60 x 90 cm, Salle d’Armes
Ici la pierre nous ramène à une temporalité pétrifiée, vestiges de vie et de mouvement, de confrontation entre les éléments. L’odeur qu’elle dégage ouvre sur un horizon, un espace, un souffle qui semble à la fois palpable et inaccessible. Deux temporalités s’opposent, l’une immuable, l’autre volatile.
Julie C. Fortier lors de sa récolte de plantes, mai 2020. Photo Charly Muller
Julie C. Fortier lors de sa récolte de plantes, mai 2020. Photo Charly Mulle
Julie C. Fortier lors de sa récolte de plantes, mai 2020. Photo Charly Mulle
Julie C. Fortier lors de sa récolte de plantes, mai 2020. Photo Charly Mulle
Julie C. Fortier, Macération de végétaux dans l’alcool, décembre 2019, photo Julie C. Fortier
Communiqué de presse
Le Château d'Oiron présente à partir du 11 juillet les expositions Le temps pour horizon de Julie C Fortier et Nomen Nescio de Nicolas Daubanes. Ils infiltrent leurs propositions, entre présence évanescente et volonté d'effacement, dans les salles historiques du château d'Oiron, qui abritent en permanence sa collection permanente “Curios & Mirabilia”.
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Exposition du 10 décembre 2016 au 05 mars 2017.
Fondation Maeght, 623 chemin des Gardettes – 06570 Saint-
Exposition du 10 décembre 2016 au 30 mars 2017.
Espace de l’Art Concret, château de Mouans – 06370 Mouans-
À l’Espace de l’Art Concret, mettant en jeu le concept d’art total dans C’est à vous de voir..., , Pascal Pineau investit les espaces du Château pour en retrouver la fonction originelle, interrogeant la valeur d’usage des œuvres. Expérimentant les limites du décoratif et de l’ornemental, il ouvre un dialogue entre pièces issues de l’artisanat, du design, objets de brocante et œuvres d’art ‘proprement dites’. Ainsi, les salles d’exposition se transforment en une succession d’espaces domestiques fictifs. Cuisine, bureau, salon, chambre d’enfant, suite parentale… chaque pièce peut se percevoir comme un portrait en creux de l’artiste qui pose un regard introspectif sur une trentaine d’années de pratique artistique.
Sur l’invitation de Pascal Pinaud, Alexandre Curtet, fondateur de Loft interior designers, a été sollicité pour concevoir l’aménagement intérieur de ces espaces en dialogue avec ses œuvres, mais aussi celles d’artistes avec lesquels ce dernier partage des affinités esthétiques, comme Noël Dolla, Mathieu Mercier, Natacha Lesueur, Philippe Ramette…
Exposition du 11 juillet au 31 octobre 2020. Château d'Oiron – 79100 Oiron. Ouverture tous les jours du 1er juin au 30 septembre de 10h30 à 18h30, du 1er octobre au 31 mai de 10h30 à 17h30.
© ArtCatalyse / Marika Prévosto 2007 -
Nicolas Daubanes, Sabotage 9, béton, fer, sucre, 2020, photo Charly Muller
Nicolas Daubanes, Nomen Nescio
Les œuvres de Nicolas Daubanes portent également en elles la contrainte du temps : le matériau se délite, le béton de la sculpture ou la limaille de fer des dessins tendent à l’effritement, sans couleur, comme dans une volonté de se dégager de la contrainte de la forme et de celle du sujet, qui semblent tous deux vouloir disparaître.
Pourtant, le château, classé monument historique, s’affirme dans sa volonté de résistance au temps. Son architecture classique, avec sa symétrie affirmée en façade, organise l’espace et affiche sa volonté de maîtrise totale de son environnement. L’artiste y introduit des failles: l’escalier en vis renversé à l’entrée de la cour, la collection de dessins de bâtiments carcéraux, fantômes de ce qu’ils représentent. Dans le comble sombre, une table recouverte de livres éclairée par une batterie solaire qui a capté son énergie dans un lieu qui fut un temps prison, l’abbaye de Fontevraud : l’idée d’une surveillance, d’un contrôle et d’une contrainte à nous maintenir dans le halo de lumière.
« J’investis des questions essentielles : la vie, la mort, la condition humaine et les formes sociales qui les façonnent. Dans mes derniers travaux, la vitesse, la fragilité, la porosité, l’aspect fantomal des images et des matières, transmettent la pression du passé au croisement de ce qui va advenir. Mon travail s’inscrit dans la durée, il dessine un chemin, une trajectoire qui tend vers la recherche de la liberté, du dégagement de la contrainte. Je tâche d’expérimenter l’intensité et la rigueur, je joue avec le danger, mental, visuel, physique, pour renforcer l’énergie créatrice et en transmettre la force. Je suis conduit par mon histoire, mes propres questions existentielles et par le choix d’une adéquation permanente et subtile entre forme et contenu. Par exemple : le silicone, celui-