Archives expositions collectives 2023

Pour sa première exposition solo chez Semiose, Richard Woods a recréé un faux décorum reproduisant une nature idéale, composé de sculptures qui, tels les rondins d’arbres en forêt, permettent de s’assoir et de penser… Dans cette installation globale peut se dégager l’idée d’un hors-temps, d’une sorte d’abri et de protection, ajoutée à la tautologie du propos. Ainsi, Richard Woods aime que le motif veiné du bois, employé pour ses planches et ses souches, soit de… bois. Il dit favoriser une conversation entre les matériaux usinés qui recouvrent ici les murs de la galerie et les rondins coupés qui reposent au sol, faisant la simple démonstration du « cause à effet ». À cette conceptualisation, s’ajoute un hommage à l’Arts & Crafts, mouvement né peu après la Révolution industrielle en Angleterre, et qui témoignait tout autant d’un sentiment d’angoisse face au progrès et d’une aspiration au retour à la poésie, que du projet de rendre la beauté accessible au plus grand nombre. L’artiste cite ainsi plus volontiers William Morris – lui-même adorateur de la forêt – que n’importe lequel de ses contemporains. Il lui importe aussi de pouvoir réaliser l’ensemble de ses pièces à l’atelier. Ce rapport au faire est accentué par son parcours personnel et ses différentes expériences en termes de médiums et d’échelles avec son propre corps – il a travaillé sur des chantiers de construction durant ses études et au début de sa carrière. « J’étais peut-être un peu isolé dans ma réflexion quand j’ai commencé, poursuit-il, mais aujourd’hui, s’observe largement un retour au travail manuel, tandis que le digital se développe, en parallèle, de plus en plus. Nous sommes dans un complet mariage high & low des pratiques et des technologies, ajouté à ce côté décomplexé de pouvoir présenter des œuvres, qui, pour certaines, s’avèrent utilitaires… ».

Distinguables par leur graphisme immédiat, dotées de tonalités franches, les œuvres de Richard Woods s’imposent presque avec joie. L’artiste n’emploie que des couleurs industrielles, qu’il ne produit pas, ne mélange pas, afin de rester dans une veine qu’il qualifie de réaliste. « Là-encore, précise-t-il, j’aime cette dichotomie entre des tons factuels et artificiels, alors qu’ils sont appliqués dans un environnement référant au naturel. Le langage de ces couleurs est celui que l’on trouve dans les publicités, les vitrines ou les magasins qui s’adressent au grand public. Cela me permet de me concentrer d’autant plus sur leur graphisme. » À la question de savoir si on peut aussi associer son œuvre à l’univers des comics ou à une certaine continuité du Pop Art, il abonde : « Mon travail s’y implique même totalement, puisque je reflète le monde tel qu’il est. » D’où son plaisir à s’étendre sur les murs ou au sol… Sans tenir un discours écologique péremptoire, Richard Woods aborde tout de même d’importants sujets de société, comme la gentrification des villes, notamment depuis son quartier de l’Est londonien en pleine mutation, où il s’est fait construire une maison en bois. « Je ne parle pas non plus directement de politique, conclut-il, mais de la manière dont les images peuvent s’imprégner et demeurer en nous. Je regarde comment les éléments se connectent et je les développe formellement par les éléments de mobilier accompagnant les installations. » Rappelons en passant que les Young British Artists critiquaient également la société de consommation et ses dérives, notamment les addictions diverses, non sans une pointe d’humour, que l’on retrouve largement dans les travaux de Richard Woods. Il suffit pour s’en convaincre de regarder, par exemple, les images d’une maison flottant au milieu des bateaux, réalisée pour la Triennale de Folkestone, ou tombée dans le lac devant une abbaye du Yorkshire, ou encore dessinée dans le parc du château de Houghton Hall… comme autant d’insertions incongrues et poétiques.

Pour cette exposition – organique, d’une certaine manière – Richard Woods s’est concentré sur les arbres, affichant les signes du passage du temps, mais aussi leur infinie possibilité de jeux de lignes, de courbes et de volutes, déployées afin de créer des rythmiques multiples aux œuvres. All-over graphique tout autant que décor, l’exposition joue sur la suspension consentie de l’incrédulité (de l’anglais willing suspension of disbelief) :  Richard Woods nous invite à faire « comme si » nous étions en forêt.  Symbolique des peurs profondes, mais également prémices de nombreux contes ou reflet de notre inconscient en psychanalyse… la forêt représente pour chacun l’amorce de nouvelles narrations.



Richard Woods, Harvest

Communiqué de presse


Richard Woods, Harvest, le texte de Marie Martens

Doué d’un esprit facétieux, Richard Woods déjoue l’ambivalence d’une terminologie trop précise dans ses œuvres, lesquelles relèvent tour à tour de l’installation, du décor ou du design, mais toujours empreintes d’une esthétique pop.

Partir à la recherche de la biographie de Richard Woods, artiste britannique né en 1966 à Chester (Cheshire), peut s’avérer, au départ, quelque peu confus, et conduire sur certaines pistes d’homonymes… Celui qui nous intéresse est diplômé de la Slade School of Fine Art, en 1990 – soit au tout début de l’émergence des Young British Artists. Que le patronyme puisse déterminer un parcours se pose avec Mister Woods (« Monsieur Dubois ») qui se dit obsédé par ce médium (le bois, donc), remémorant même un souvenir d’enfance fondateur : « Il y avait une petite zone boisée juste derrière la maison de mes parents, composée d’une quinzaine ou vingtaine d’arbres et qui disparut un jour. Le fermier avait tout abattu, coupant les arbres de sorte que les tronçons laissent apparaître leurs anneaux de croissance. J’ai alors essayé de trouver celui qui pouvait correspondre à mon âge, puis à celui de mon père, qui me semblait un vétéran à l’époque… Cet événement m’est revenu en mémoire ces derniers temps et je pense que ma nouvelle série de souches complète mon histoire d’amour avec les arbres et ma réflexion sur le temps. »












 





































































 













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Gilles Aillaud

Important



Marika Prévosto

À

sandie hatem

jul 1 à 2h10 PM

Gilles Aillaud, Le silence sans heurt du présent

En coproduction avec les Musées des beaux-arts de Rennes et de Saint-Rémy de Provence, cette rétrospective parrainée par la Fondation d’Entreprise Michelin est la première grande exposition consacrée à l’artiste depuis 10 ans. Une cinquantaine de tableaux provenant de grandes collections publiques et privées seront exposés au FRAC Auvergne.























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Exposition du 10 décembre 2016 au 05 mars 2017.
Fondation Maeght, 623 chemin des Gardettes – 06570 Saint-Paul de Vence. Tél. : +33 (0)4 93 32 81 63. Ouverture tous les jours de 10h à 18h.

Exposition du 10 décembre 2016 au 30 mars 2017.

Espace de l’Art Concret, château de Mouans – 06370 Mouans-Sartoux. Tél. : +33 (0)4 93 75 71 50. Ouverture du mercredi au dimanche de 13h à 18h.

À l’Espace de l’Art Concret, mettant en jeu le concept d’art total dans C’est à vous de voir..., , Pascal Pineau investit les espaces du Château pour en retrouver la fonction originelle, interrogeant la valeur d’usage des œuvres. Expérimentant les limites du décoratif et de l’ornemental, il ouvre un dialogue entre pièces issues de l’artisanat, du design, objets de brocante et œuvres d’art ‘proprement dites’. Ainsi, les salles d’exposition se transforment en une succession d’espaces domestiques fictifs. Cuisine, bureau, salon, chambre d’enfant, suite parentale… chaque pièce peut se percevoir comme un portrait en creux de l’artiste qui pose un regard introspectif sur une trentaine d’années de pratique artistique.

Sur l’invitation de Pascal Pinaud, Alexandre Curtet, fondateur de Loft interior designers, a été sollicité pour concevoir l’aménagement intérieur de ces espaces en dialogue avec ses œuvres, mais aussi celles d’artistes avec lesquels ce dernier partage des affinités esthétiques, comme Noël Dolla, Mathieu Mercier, Natacha Lesueur, Philippe Ramette…







Expositions d’été, Richard Woods et Sébastien Gouju

Galerie Semiose, Paris
24.06 - 12.08.2023





 







 




 

 












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Sébastien Gouju, Hiss - Texte de Gaël Charbeau

En 1908, l'architecte viennois Adolf Loos publiait Ornement et crime, un essai célèbre dans lequel il critique l'utilisation excessive de l'ornementation dans l'architecture et dans l'art, affirmant que l'ornement est un signe de décadence culturelle et morale. Selon lui, les motifs, arabesques, reliefs, dorures, moulures ou volutes sont les manifestations d'une société primitive et barbare qui n'ont plus ni signification ni place dans la réalité moderne. Il soutient que la simplicité et la fonctionnalité sont des caractéristiques plus importantes que l'esthétique de l'ornementation. Le principe d'une « forme qui suit la fonction », d'un design où l'usage s'exprime clairement et simplement, devient, dès les débuts du XXe siècle, une ligne esthétique fondamentale dans le monde des avant-gardes artistiques occidentales. Au-delà d'une affaire de goût, on peut considérer que Loos a clairement formulé et étayé cette radicalité de la simplification, prolongeant le débat esthétique « classique contre baroque » qui s'établit au XVIIe siècle. Les deux sensibilités s'affrontent essentiellement sur le terrain des formes, mais on pourrait l'étendre à ceux de la morale ou de la politique. D'un côté les militants d'une forme de minimalisme épuré, essentiel et « sincère », de l'autre les tenants d'une expression libérée et exubérante. Et entre ces deux pôles, les mille nuances du plaisir esthétique...

© Sébastien Gouju

© Sébastien Gouju. Courtesy de l’artiste

Cette lecture dichotomique de l'histoire des formes est toujours d'actualité au XXIe siècle. Une fraction d'artistes marche toutefois à la lisière de ces deux « camps »... Où classer l'œuvre de Sébastien Gouju dans cette vision polarisée ? Certes, son goût pour les motifs organiques, pour les cultures populaires, pour le raffinement des détails tout comme son intérêt pour Huysmans et le Symbolisme (la série des cloches A rebours en est un magnifique exemple), nous incitent plutôt à le ranger dans la catégorie « crime ornemental ». Le serpent qui danse a tout ce qu'il faut de baroque, ne serait-ce que dans l'idée de présenter dans l'espace clinique d'une galerie une sorte de fragment de jungle suspendu : quoi de plus anarchique que ce serpent accroché entre deux murs, devenant liane, depuis lequel pendent des fleurs, des feuilles et des fils, dans un désordre tout naturel ? L'œuvre a été produite dans la maroquinerie La Fabrique à Grauhlet dans le Tarn. Elle est entièrement réalisée en cuir cousu, une matière que Sébastien Gouju affectionne depuis sa résidence dans une maroquinerie Hermès en 2018. Indocile à l'idée d'être sculpté, le cuir nécessite de constamment lui trouver des solutions structurelles. Au contraire d'un bout de bois, sa forme suit rarement sa fonction... Il implique une maîtrise, une technicité que l'on retrouve systématiquement dans le travail de Sébastien Gouju, qu'il s'agisse de verre, de broderie, de gré émaillé... Tout indique donc les penchants de l'artiste pour le monde du savoir-faire, des assemblages, des cuissons, des réactions de la matière qu'il faut savoir anticiper, en un mot, du tour de main. Mais ce plaisir de l'artisanat s'accompagne chez lui d'une distance critique quasi systématique. Les objets qu'il fabrique et qui mettent en scène des formes minérales, végétales ou animales ne se contentent pas de s'énoncer, elles se dénoncent tout aussi immédiatement. Là où l'ornement flirte souvent avec les plaisirs de l'illusion, il s'écrit chez Sébastien Gouju dans le plaisir paradoxal de la désillusion. Et du jeu de main, l'œuvre glisse soudain comme un revers, vers un jeu d'esprit.

Contre-jour (2018), des grands arbres faits de cuir noir d'agneau et de métal, laissent d'abord penser à un morceau de paysage bucolique, saisis comme leur nom l'indique, en contre-jour. Mais lorsque l'on tourne autour, l'illusion se dissipe ou devient, en quelque sorte, plus épaisse. Ils sont noirs comme la marée du même nom, comme les idées du même nom. Ils sont définitivement noirs, même lorsqu'on les inonde de lumière. Comme souvent, l'œuvre demande ainsi deux temps de lecture. Il y a toujours dans ces objets une touche de dissonance qui succède à la séduction immédiate.

Dans la vision binaire de l'histoire de l'art que nous décrivions, Sébastien Gouju s'inscrit un peu à la manière d'une particule quantique : il est aux deux endroits à la fois. Son évident plaisir de faire, la sensualité et la richesse des couleurs, des matériaux qu'il emploie, cette méticuleuse esthétique qu'il emprunte aux savoirs traditionnels, il la contrebalance toujours d'un détachement intellectuel presque Duchampien. Accompli, l'objet semble dans le même temps tenu à distance, suspendu entre deux états qui nous font osciller du plaisir gourmand du regard à la distance critique de l'esprit. Dans le duel « ornement vs. dépouillement », Sébastien Gouju est comme en position d'arbitre, ce qui lui permet de ne jamais céder à la nostalgie d'un art décoratif figé dans le temps, puisqu'il le ramène dans les discours critiques de notre présent. Une pirouette dont il révélait l'oxymore lors d'un entretien avec Sébastien Faucon, dans lequel il décrivait son travail comme le lieu d'un « décor naturel ». Un premier paradoxe à franchir pour entrer de plein pied dans son univers d'enfant rebelle...

  © ArtCatalyse / Marika Prévosto 2007 - 2023. Tous droits réservés

Exposition du 24 juin au 12 août 2023. Galerie Semiose, 44 rue Quincampoix -75004 Paris. Tél.: + 33 (0) 9 79 26 16 38. Ouverture du mardi au samedi de 11h à 19h et sur rendez-vous.

Expositions d'été Galerie Semiose, Paris